Les pauvres, les riches et leurs animaux : la biodiversité des inégalités sociales dans l’espace urbain

La ville, comme espace où se déploie la ségrégation sociale et environnementale, est étudiée depuis des décennies, le plus souvent sous un angle économique. Mais qu’en est-il des relations aux animaux et d’une façon plus large à la biodiversité ? La nature de cette relation, comme des espèces impliquées, est-elle la même quelles que soient les classes sociales envisagées ou varient-elles en fonction de son aisance ? Quelles sont les conséquences de son degré de richesse ou de pauvreté sur le corps des animaux eux-mêmes ? Apparaissent-ils plus souvent à l’intérieur des foyers ? Partagent-ils vraiment le labeur des classes laborieuses ou est-ce un cliché ?
Cette communication propose, en explorant des sources littéraires et médiatiques allant de la Révolution française au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, d’apporter des éléments des réflexions à ces nombreuses questions mais les traces historiographiques sont souvent tenues. L’aire géographique étudiée se limite pour l’essentiel à la France, les références à l’étranger n’étant sollicitées que pour mettre en lumière d’éventuelles particularités nationales.
La relation aux bêtes se place souvent sous des impératifs sanitaires comme la gestion des chiens errants vecteurs de la rage ou la régulation de certaines espèces (oiseaux, rongeurs, insectes…) à la présence inopportune… Le contrôle et la surveillance sont également la règle dès lors que l’on observe les relations aux animaux de compagnie : concours comme élevage repose sur l’identification des individus et leur sélection. Il convient aussi de s’interroger en quoi les inégalités sociales impactent l’organisation urbaine elle-même. Ainsi, les espèces les plus chères font l’objet de concours nettement plus élitistes que d’autres espèces : l’élevage de chiens réclamant des chenils coûteux au contraire des pigeons qui peuvent être élevés sur le toit des maisons ouvrières.
Il se dégage des témoignages étudiés que le contrôle et la surveillance des bêtes ne sont sans évoquer ceux dont les populations les plus pauvres font l’objet, l’histoire de la relation aux bêtes constituant alors un utile outil pour mieux comprendre comment et pourquoi les inégalités se construisent.

Communication dans le cadre du colloque Animaux dans la ville (XIXe siècle – XXIe siècle) des 30 novembre et 1er décembre 2023

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Description de l’image : Lorsque tout nous a abandonné, l’homme et ses pigeons,  photo prise à Beaubourg – Paris – France le 30 novembre 2014 par Vincent Anderlucci. This file is licensed under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license.