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“Histoire de la domestication animale, la suite”

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17 novembre 2020

Histoire de la domestication animale une émission animée par Mathieu Vidard
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Deuxième émission (enregistrée) avec Valérie Chansigaud, historienne des sciences et de l ‘environnement autour de son dernier livre “Histoire de la domestication animale » (éd. Delachaux et Niestlé) qui retrace les relations longues et complexes qui nous unissent aux animaux domestiques.

La domestication est l’une des étapes les plus fascinantes de l’histoire humaine car elle a permis l’émergence de sociétés agricoles complexes, a favorisé un accroissement démographique sans précédent et a contribué à la transformation profonde des écosystèmes au profit de l’espèce humaine.

Retraçons les relations longues et complexes qui nous unissent aux animaux domestiques avec Valérie Chansigaud, historienne des sciences et de l’environnement :
Comment définir la domestication ?
Est qualifié de « domestique » une espèce, comme le grillon ou la souris domestique, qui partage le logis des êtres humains et non parce qu’il fait l’objet d’une transformation délibérée grâce à une sélection comme le chien ou le poulet, le cochon d’inde ou le ver à soie. Il est domestique car la sélection résulte des conditions offertes par l’habitat humain. Mais le statut d’une espèce s’inscrit aussi dans une histoire fluctuante car aujourd’hui le grillon fait l’objet d’élevages systématiques car il permet de nourrir de nombreux autres animaux insectivores.
Aborder la domestication c’est aussi se poser des questions de nature philosophique telles que :

  • À partir de quel moment une espèce sauvage exploitée par l’homme devient-elle domestique ?
  • Quelles différences entre apprivoiser, dompter, dresser, et domestiquer ?
  • Les animaux de cirque comme les lions ou les éléphants utilisés dans les exploitations forestières sont ils domestiqués ?
  • Chiens vaches et poules ont ils profité de la domestication ?
  • Dans un monde façonné par l’homme les êtres vivants sauvages ne deviennent ils pas des animaux domestiques ?
  • Le chien a été le premier animal domestiqué et le loup gris serait l’ancêtre du chien domestique. 99% de leur ADN est commun.

La domestication des herbivores, pour le lait, la viande et leur force, accompagne l’essor de l’agriculture : les sociétés se sédentarisent et connaissent une forte expansion démographique ce qui a pour conséquence de transformer profondément l’environnement naturel. Un élément remarquable dans la domestication des herbivores notamment les bovidés c’est qu’ils ont donné plus d’une dizaine d’espèces comme la vache, le zébu le yack le buffle d’Asie…

La domestication des oiseaux a d’abord répondu à des nécessités culturelles. Ils ont été domestiqués pour leur beauté, pour servir d’animaux de combat ou pour des sacrifices dans des cérémonies religieuses avec de l’être pour leur viande œufs ou plumes. La domestication des oiseaux est au service d’usages plus futiles. Les Japonais ont développé une grande variété de lignées décoratives et les poulets commencent à être consommés à partir du XIXe siècle sans doute sous l’influence européenne. Il y a des combats de coq en Asie et en Océanie en Europe aussi. La consommation de la chair et des œufs ne prend essor en Europe qu’à partir du XVIIIe siècle et au XIXe siècle. L’émergence de l’élevage industriel de poulets durant la seconde moitié du XXe siècle est certainement l‘une des étapes les plus spectaculaires de l‘agriculture contemporaine. Grâce aux innovations techniques allant des hangars aux antibiotiques, la viande de poulet est vendue moins chère que celle vendue par les bouchers.
Le poulet est désormais devenu un bien de consommation, une industrie. La domestication n’est pas qu’un fait du passé mais occupe une place essentielle dans l’histoire contemporaine. Le comportement, la morphologie et la physiologie du cochon d’Inde ont été modifiés successivement pour répondre à de multiples usages : producteur de viande, animal de compagnie, outil pour la recherche scientifique.

Les animaux domestiques n’ont jamais été aussi nombreux qu’aujourd’hui !

On sait que plus de 28 milliards de vertébrés sont en élevage dans les fermes (surtout 5 espèces : cochon, chèvre, mouton vache et poulet) C’est donc une fraction de la biodiversité qui a été domestiquée et le poids total des animaux d’élevages surpasse largement celui des espèces sauvages. Des chiffres vertigineux aussi pour l’aquaculture mondiale, les animaux de laboratoire, les invertébrés, les animaux de compagnies comme les chats qui étaient de 9,76 en 2000 et de 13,48 millions en 2016 ! Sans oublier les animaux en captivité dans les zoos et les aquariums. Ce déluge de chiffres pour souligner que la vie de chaque être humain dépend de dizaines d’animaux domestiques tant pour sa nourriture que pour ses vêtements, sa santé, son loisir. Et que les cultures ne seraient pas ce quelles sont sans ces bêtes, sans la domestication animale. Mais aujourd’hui des mouvements discordants et des questions éthiques se font entendre allant du refus de tout exploitation de tout animaux non humains et à la promotion du végétarisme.

Valérie Chansigaud, historienne des sciences et de l’environnement, étudie l’impact de l ‘être humain sur l’environnement.

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