Au fond de ma révolte contre les forts, je trouve du plus loin qu’il me souvienne l’horreur des tortures infligées aux bêtes. […]
Et plus l’homme est féroce envers la bête, plus il est rampant devant les hommes qui le dominent. […]
On m’a souvent accusée de plus de sollicitude pour les bêtes que pour les gens pourquoi s’attendrir sur les brutes quand les êtres raisonnables sont si malheureux ? C’est que tout va ensemble, depuis l’oiseau dont on écrase la couvée jusqu’aux nids humains décimés par la guerre. La bête crève de faim dans son trou, l’homme en meurt au loin des bornes. Et le cœur de la bête est comme le cœur humain, son cerveau est comme le cerveau humain, susceptible de sentir et de comprendre.
Remarque : Louise Michel (1830-1905) fait partie de ces noms que l’on connaît vaguement et dont l’œuvre mériterait pourtant d’être découverte. Elle est déportée en Nouvelle-Calédonie pour sa participation à la Commune de Paris (1871), elle y défend les kanaks et leur culture. Elle découvre alors la pensée anarchiste, revenue en France en 1880, elle œuvre toute sa vie pour la révolution et est une féministe convaincue. Elle consacre un chapitre de ses Mémoires aux animaux et à la cruauté dont ils font l’objet. Elle souligne, avec talent, la relation entre la domination des hommes et des bêtes. L’ouvrage est téléchargeable gratuitement sur le site Gallica ici.
Référence : Louise Michel (1886). Mémoires de Louise Michel écrits par elle-même, F. Roy, libraire-éditeur (Paris) : viii + 490 p.
llustration : photographie vers 1880, auteur inconnu.
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