Espace Mendès France, Poitiers
9 novembre 2016 de 9 h à 17 h
Conférence dans le cadre de la journée d’étude « Les insectes, les araignées et nous : pourquoi sont-ils indispensables ? »
Cette journée est organisée en parallèle avec l’exposition « Insectes… Hommes et biodiversité » visible jusqu’au 31 décembre 2016.
L’histoire de l’édition naturaliste permet non seulement de retracer les développements scientifiques, mais aussi de découvrir le poids et l’impact de la culture générale. Ainsi, le rôle joué par les collections sur la formation de l’entomologie se traduit par la réalisation d’ouvrages somptueux au XVIIe siècle et surtout au XVIIIe siècle. C’est une époque où l’étude des invertébrés s’organise et apparaissent les premières disciplines spécifiques. Il est intéressant de suivre l’évolution parallèle de l’édition consacrée aux oiseaux et celles des insectes durant le XIXe siècle, tant en termes de diversité des titres, de richesses des illustrations que des thématiques. Ce siècle est marqué par une forte entomophobie (on craint que la pullulation des insectes ne puisse faire disparaître l’humanité) participant à une véritable ornithophilie (les oiseaux insectivores étant les seuls remparts au danger des insectes). La découverte, à la fin du XIXe siècle, du rôle des insectes dans la transmission de redoutables maladies infectieuses et le développement des insecticides chimiques, à la même époque, contribuent à encourager les discours sur la nuisibilité des insectes. L’histoire de l’édition naturaliste montre que, pendant longtemps, la protection de la nature exclut de fait celle des invertébrés. Ce n’est que récemment que l’on a pris en compte leur rôle, mais encore avec lenteur et l’exemple des espèces parasites, nombreuses chez les insectes, est à ce titre exemplaire. La popularisation du mot “biodiversité” pourrait faire croire que l’on s’est dégagé de l'”obscurantisme” des siècles passés, mais les études portant sur les images utilisées pour promouvoir la protection de la nature ne laissent malheureusement aucun doute : les préjugés culturels sont toujours aussi omniprésents.